Deux élèves, de la classe « Médias » du Collège ont eu la chance de poser quelques questions à Mika et Bassa Mawem, tous les deux qualifiés pour la première olympiade d’escalade à Tokyo, du 23 juillet au 8 août 2021.
Les deux frères nous dévoilent leurs points forts, leurs points faibles, et leurs stratégies d’entraînement.
- Quelles sont les trois disciplines d’escalade aux Jeux Olympiques et qu’elle est votre spécialité ?
Bassa- Les trois disciplines aux JO sont la vitesse, le bloc et la difficulté. Ma spécialité est la vitesse.
Mika- Le but de la vitesse c’est de grimper le plus vite possible. La plupart du temps nous sommes en duel côte à côte et c’est le premier à taper le buzzer en haut du parcours qui gagne. Le bloc c’est une discipline de force. C’est de l’escalade traditionnelle mais très courte et intense. Les murs font 5 mètres de hauteur environ et l’objectif est de monter en haut du bloc. Il y’a différents parcours et notre objectif est de le réussir. En général, on a 4 ou 5 parcours, 5 minutes par parcours, 5 minutes de pause et on passe au suivant. Pendant les 5 minutes on peut faire le nombre d’essais que nous voulons. Mais on ne peut pas se permettre d’en faire énormément, on doit être le plus efficace possible. La difficulté c’est une escalade de résistance parce que les voies sont longues. Une voie mesure entre 15 et 20 mètres de hauteur. On est sécurisé par des cordes et baudriers. Le jugement est fait sur celui qui arrive le plus haut. On nous propose des voies d’un niveau technique complexe. L’objectif est de trouver la solution pour monter en haut et d’avoir la force pour tenir le coup. Ma spécialité est le bloc.
- Quand avez-vous commencé l’escalade ?
Bassa- J’ai commencé l’escalade à 15 ans à l’UNSS dans mon collège, j’ai beaucoup aimé et j’ai continué.
Mika- J’ai essayé l’escalade en CM2 pour la première fois. J’ai commencé en classe de sixième dans un club et à l’association sportive du Collège. J’en faisais 3 à 4 fois par semaine
- Depuis quand êtes-vous en équipe de France ?
Mika- Je suis dans l’équipe de France depuis 2014. J’ai obtenu ma qualification lors d’une sélection en 2014 et j’ai participé à ma première coupe du monde fin 2013.
Bassa- Je suis en équipe de France depuis 2012 et avant ça j’avais fait une étape de coupe du monde de bloc en 2006 et une étape en vitesse en 2007.
- Quel est votre rythme d’entraînement depuis que vous êtes en équipe de France et depuis votre qualification aux JO ?
Mika- Notre rythme d’entrainement évolue constamment et il est propre à chacun. Je me suis toujours entraîné entre 25 heures et 40heures par semaine et sur 4 à 6 jours par semaine. Depuis que je m’entraine pour les JO, je suis passé à environ 40 heures minimum par semaine. Le lundi, mardi, jeudi et vendredi les entraînements sont très intenses. Le mercredi et le samedi je m’entraine une demi-journée.
Bassa- Depuis ma qualification aux JO, je m’entraîne environ 25 heures par semaine mais je fais en sorte que la vie de tous les jours soit mon entraînement (réaliser des tâches rapidement, prendre les escaliers etc. )
- Quelles-sont les parties du corps et les muscles les plus sollicités en escalade ?
Bassa- Les avant-bras, les mains, et les doigts pour serrer les prises. Mais pour être performant il faut être complet et muscler toutes les parties du corps. Il faut faire attention à un point, c’est de ne pas prendre de poids. Nous devons prendre du muscle sans prendre trop de poids.
Mika- Cela dépend surtout des disciplines, en général, c’est surtout le haut du corps qui est très sollicité et les articulations. L’objectif est d’utiliser tous les muscles et articulations, du bout des orteils au bout des doigts, du bout des doigts au haut de la tête, pour alléger le haut du corps avec le bas, grâce au mouvement.
- Comment s’entraîner en escalade pour trois disciplines différentes pour les JO ?
Bassa- Il faut s’entraîner encore plus car il faut intégrer des disciplines qui ne sont pas nos spécialités.
Mika- L’entraînement est différent pour chacune des disciplines. De plus, chaque entraîneur entraîne différemment et chaque athlète est différent. Pour ma part, on a fait le choix de mettre la priorité sur la discipline de bloc pour être très fort et sur la vitesse car j’ai de bonnes compétences. Pour la difficulté, on fait en sorte que je m’améliore sans m’entrainer énormément.
- Comment être rapide, endurant et puissant à la fois ?
Bassa- Pour être rapide et puissant il faut être endurant. Si on prend l’exemple des sprinters qui courent 100 mètres, ils s’entraînent en courant de longues heures. Avant d’être puissant et rapide, il faut pouvoir encaisser de longs efforts. Je fais donc beaucoup de voies de vitesse pour pouvoir avoir cette fluidité et de la puissance quand je dois aller vite.
- En escalade, être léger semble être un atout mais est-ce qu’être très musclé peut-être un frein ?
Bassa- Être léger n’est pas un atout parce qu’à haut niveau personne n’est « léger ». Ce qu’il faut c’est avoir un bon rapport poids/puissance. Selon les disciplines, l’effort n’est pas le même mais quand on regarde bien, les grimpeurs ont tous des gabarits différents mais ils sont tous très forts. Par exemple, Jan Hojer pèse environ 77kg, Mickael Mawem 66kg, Akiyo Noguchi 49kg et pourtant ils sont tous les trois très forts. Effectivement, au niveau amateur, plus ont est léger mieux ont tient les prises, car on exercera moins de force sur les prises d’escalade.
- Est-ce qu’être très musclé n’est pas un frein pour la souplesse nécessaire en escalade ?
Bassa- Non, être musclé n’empêche pas d’être souple. En revanche ne pas être souple peut être un frein. Moi je ne suis pas souple et je sais que c’est un frein quand je fais du bloc ou de la difficulté. Pour la vitesse je n’en ai pas besoin, et je n’aime pas en faire, donc je n’en fais pas.
Mika- Être musclé et être souple en même temps ça se fait très bien. Il faut arriver à faire les deux en même temps. Il faut faire de la musculation et juste après des assouplissements. Il faut mixer les deux. Il y a des personnes extrêmement musclées qui sont très souples.
- Comment gérez-vous la récupération ?
Bassa- Pour gérer la récupération, on mange, on dort et on s’hydrate bien (Là, il est 21h30. Je commence à stresser car je dois me lever à 5h15 pour m’entraîner.) On prend aussi des compléments alimentaires pour nous aider à récupérer, on va chez le kinésithérapeute, on a des petits appareils d’automassage, des électro-simulateurs etc.
- Avez-vous un régime alimentaire particulier ? Y a t-il certains aliments que vous n’avez pas le droit de manger ou certains aliments qui vous sont conseillés ?
Mika -Les périodes ou on s’entraîne beaucoup il y a des très peu de compétition, c’est la période où on va bien se nourrir, prendre de bons petits-déjeuners complets avec des protéines, des féculents, et des laitages. Le midi on mange des féculents, légumes et des protéines. Le soir on mange léger. Pendant les périodes de compétitions, on mange avant et après les compétitions mais peu le soir. On réduit tout ce qui est sucre raffiné et gras saturé afin d’être au meilleur de notre forme et au meilleur poids possible.
Entretien réalisé en mars 2020 par Marine Boudy et Manoha Arele de la classe « Médias », encadré par Mme De Barros.
Entretien retranscrit à l’écrit et rédigé en juin 2021 par Madison Auquière et Selène Boudier avec l’aide de Mme De Barros et Mr Pierre.